Selon la couleur du fond, certaines couleurs semblent avancer (être proches de nous), d'autres reculer (être plus éloignées par rapport au spectateur).
Sur un fond sombre, le jaune (les couleurs claires) avance alors que le bleu (les couleurs sombres) recule. Sur un fond clair, c'est l'inverse.
Sur un fond sombre, les couleurs chaudes avancent alors que les couleurs froides reculent. Sur un fond clair, c'est l'inverse.
Détails
En dehors de la volonté de ne plus faire référence au réel une des grandes lignes directrices de la peinture abstraite a été la volonté de respecter la surface plane du support sur lequel elle était réalisée (toile, papier, carton = espace littéral). C'est à dire que toute "idée" de profondeur en a été souvent volontairement écartée.
Cependant, dans certaines oeuvres abstraites (Mondrian, Kandinsky, Malevitch...) malgré le fait que dans la construction formelle de l'espace des œuvres, tout effet de perspective ait été exclu, que toute référence au monde réel en trois dimensions ait été volontairement évacuée, une sensation de profondeur existe. Cette sensation a pour origine l'interactivité entre les couleurs qui se repoussent visuellement en avant ou en arrière du plan réel du support.
Dans les œuvres figuratives, au delà de la sensation d'espace créée par la dimension, la superposition des formes ou la perspective, l'effet d'éloignement ou de rapprochement des couleurs est recherché, car il permet de créer l'illusion d'une troisième dimension (= espace suggéré) c'est-à-dire d'un sentiment de volume et
de profondeur, sur la surface plane de la toile ou du papier !
Comment cela fonctionne-t-il ?
Par association d'idées, certaines couleurs peuvent nous donner une impression de densité, de proximité, ou d'espace vide et d'éloignement plus ou moins intense.
L'ocre associé à la terre nous donne une impression de densité et de proximité.
Le bleu foncé peut-être associé à la mer. Le bleu-clair paraît plus aérien et suggère un espace limpide et vide.
Un bleu plus dense et plus foncé dans la partie supérieure, diminue la sensation d'espace et de profondeur.
Le rouge se détache nettement en avant du bleu-clair et paraît très proche de l'ocre.
Cet effet de profondeur produit par les couleurs subit cependant l'influence de facteurs variés :
1 - Effet de la couleur environnante
Observons trois couleurs pures sur fond noir :
- Le jaune semble avancer nettement dans l'espace
- Le rouge avance un peu moins
- Le bleu paraît presque aussi éloigné que le fond noir
2 -Les mêmes couleurs sur du blanc :
Quelles couleurs semblent les plus proches ?
Quelles couleurs semblent les plus éloignées ?
Sur fond clair les tons foncés avancent alors que les tons clairs paraissent adhérer au fond.
Sur fond noir les tons clairs semblent avancer
2- Interaction des contrastes de la couleur sur l'effet de spatialité
Les tons froids et les tons chauds de clarté égale se comportent de la manière suivante :
- Sur fond noir : les tons chauds avancent et les tons froids reculent en profondeur
Si on associe les contrastes clair-obscur et chaud - froid l'effet de spatialité sera :
a - Accentué si les deux contrastes agissent dans le même sens (ex : observer le ton chaud et clair sur fond noir (à gauche) et froid foncé (à droite))
b - Annulé si les contrastes se contrarient (ex : ton chaud mais foncé sur fond noir)
Spatialité et contraste de qualité
Si l'on joue sur le contraste de qualité de la couleur, l'effet de spatialité peut être également accentué ou atténué.
Saturation et spatialité
Moins la couleur est saturée et plus elle paraît s'éloigner.
En modifiant les couleurs d'un tableau on peut changer la lecture de la profondeur
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Le bleu de la partie gauche nous donne une impression de profondeur.
Les ocres du ciel à droite paraissent plus proches
![]() |
L'ocre rouge à gauche paraît ici beaucoup plus proche et le bleu à droite plus éloigné.
Oeuvres en référence
Kazimir Malevich, Composition Suprématiste : aéroplane volant, 1915, MOMA, New York https://www.moma.org/collection/works/79269
Lien pour comprendre le Suprématisme : http://www.histoiredelart.net/courants/le-suprematisme-15.html
Vassily Kandinsky, Jaune, Rouge, Bleu, 1925, Huile sur toile, 128 x 201,5 cm, Centre Pompidou Paris, http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Kandinsky-jaune-rouge-bleu/ENS-Kandinsky-jaune-rouge-bleu-part1.html#point
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Perspective
En histoire de l’art, ce terme désigne les procédés de représentation de la profondeur spatiale et des objets en trois dimensions sur un support en deux dimensions. C’est avec la Renaissance, à partir du XVe siècle en Italie, que la perspective fait vraiment l’objet d’une recherche scientifique. Brunelleschi et Alberti, deux artistes de cette période, mettent au point une théorie suivie et adaptée ensuite par les peintres. La perspective se construit de façon mathématique.
Léonard de Vinci développe ce qu’on appelle la perspective atmosphérique : les objets lointains ont des contours plus flous, les contrastes s’estompent et les couleurs deviennent bleutées. La question de la représentation de la perspective est liée à l’idée que l’art doit imiter la nature ; cette idée domine la création artistique en occident, de la Renaissance jusqu’au XIXe siècle.
Mots associés :
- Isométrie
- Axonométrie
- Cavalière
- Point de fuite : voir les explications sur ce site
- Linéaire
- Atmosphérique
- Perspective hiérarchique : Différences d'échelle reflétant la hiérarchie entre des personnages.
Peinture
Pratique bidimensionnelle, peindre est souvent considéré comme un remplissage. Peindre sans dessiner au préalable permet de faire évoluer cette représentation et de faire des choix en fonction d'intentions. Explorer la peinture en termes de formes, de passages d’une couleur à l’autre... permet de travailler avec la diversité des couleurs et d'apprendre à fabriquer ses propres couleurs. La peinture est également envisagée pour sa matérialité, son épaisseur. Elle peut se déposer en couches épaisses (empâtement) ou très liquides (glacis). Elle laisse voir les gestes et les traces des outils utilisés.
Le peintre Pierre Soulages « conçoit ses couteaux à peindre avec des morceaux de semelle de cuir, des raclettes de caoutchouc, de vieux pinceaux rigidifiés par la peinture, des tiges de bois, des planches brisées, toutes échardes dehors, d’autres encore entourées de chiffons... ». Cité dans le dossier du Centre Pompidou Paris
Voir le document sur le lexique des pratiques en arts plastiques sur Eduscol
Mots associés :
- Techniques de peinture : peinture à l'huile, peinture acrylique, gouache, peinture vinylique, techniques mixtes
- Touche du peintre (trace)
- Glacis # Empâtements
- Châssis (format)
- Chevalet
- Palette
- Les supports : toile, bois, carton, tissu, roche...
- Les outils : pinceau, couteau, brosse, doigt...
- Atelier # Pleinairisme
Voir une méthode d'analyse d'une oeuvre picturale
Voir l'affiche sur ce domaine artistique (en téléchargement).
Couleur
La couleur est liée à la perception, aux propriétés physiques et à la dimension culturelle. Il y a un nombre infini de couleurs.
La couleur, lorsqu’elle est liée à la figuration, peut s’éloigner du strict rôle d’identification (« le ciel est bleu, les toits sont rouges... »). Il est intéressant d’évoquer les couleurs présentes en architecture ou sur certaines sculptures, avec notamment une réflexion sur la restauration lorsqu’il s’agit des couleurs souvent disparues des statues grecques antiques, ou des façades des cathédrales, entièrement peintes. Dans l’usage courant, certaines couleurs sont associées à des émotions ou des sentiments : le rouge pour la colère, le bleu pour la peur, etc. La couleur peut être choisie indépendamment de ces représentations, celles-ci variant selon les sociétés.
Voir le document sur le lexique des 9 notions en arts plastiques sur Eduscol
Support
Espace
L’espace est celui dans lequel l’œuvre s’inscrit matériellement. Il est donc essentiel de rencontrer des œuvres de visu afin de prendre conscience de leur existence matérielle au-delà des reproductions qui sont diffusées. En sculpture, on sera particulièrement attentif aux relations entre la matière et l’espace, dans lequel l’œuvre s’inscrit. De même, l’œuvre peut être conçue directement en relation au lieu dans lequel elle s’inscrit : en Land Art, certaines œuvres du Street Art, un retable, etc.
- L’espace est celui de l’artiste qui crée l’œuvre. Celui-ci est acteur avec son corps, il agit, bouge, évolue lorsqu’il réalise l’œuvre. Jackson Pollock effectue quasiment une danse lorsqu’il crée, Richard Long arpente le paysage dans lequel il crée.
- L’espace est celui du spectateur. « On ne regarde pas de la même manière une miniature, vue de près dans une sorte d’intimité, et une très grande peinture, qu’il faut prendre du recul pour bien voir ». Etienne Souriau, Vocabulaire d’esthétique, Éditions PUF, p. 685
Le spectateur peut être amené à tourner autour d’une sculpture, déambuler dans une installation etc.
- L’espace est enfin celui de l’œuvre. Celui-ci peut être un espace représenté : « Un tableau peut représenter une tranche minime d’espace (dans un portrait, une nature morte) ou de grandes profondeurs, comme un paysage aux vastes horizons. » Etienne Souriau, Vocabulaire d’esthétique, Éditions PUF, p. 687
- L’espace est également celui du tableau, comme le souligne le peintre Maurice Denis : « se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille (...) ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ».
Voir le document sur le lexique des 9 notions en arts plastiques sur Eduscol
Carton
Plan
Dans une peinture, partie définie par sa distance au spectateur. Les plans suggèrent un espace en profondeur. Le premier est celui qui se trouve le plus en avant par rapport au point de vue du spectateur, les autres s'échelonnent dans la profondeur jusqu'à l'arrière-plan.
Au cinéma, le plan est une unité de temps, une prise de vues, comprise entre la mise en marche de la caméra et son arrêt. Pour simplifier, le plan est la scène filmée entre les deux mots magiques du tournage, « Action ! » et « Coupez ! ». Un ensemble de plans situés dans le même temps et dans le même lieu est une séquence. En résumé, le plan est le morceau de film tourné sans interruption et sélectionné au montage entre deux raccords.
En architecture, le plan de sol est une vue de dessus qui représente la disposition des espaces dans un bâtiment, à la manière d'une carte, pour un étage du bâtiment. C'est une section horizontale d'un bâtiment (à un mètre au-dessus du sol), représentant notamment les murs, les portes et les fenêtres. Le plan de masse est destiné à montrer une vue d'ensemble d'un projet, du dessus, incluant les limites de propriété, les accès, et les structures environnantes et les connexions aux réseaux (eau, électricité, communications...).
Voir aussi à échelle des plans.